Wilson Bigaud est l’un des maîtres de l’art haïtien. Il est né à Port au Prince en janvier 1928 dans le quartier « chaud » de Portail Léogane. Son père est agriculteur à l’Anse à Veau mais il vit avec sa mère remariée qui l’envoie à l’école publique où ses qualités de dessinateur sont remarquées. Mais son talent ne s’arrête pas là et c’est en tant que sculpteur qu’il est remarqué par Hector Hippolite qui le ramène au Centre d’Art et lui fournit le matériel pour peindre dès 1947 sous la direction du Pr Borno. Le succès sera au rendez vous par le nombre de ventes. En 1950 son tableau ‘Paradis’ gagne le deuxième prix d’un concours international à Washington, D.C. puis est acheté pour la collection permanente du Muséum d’Art Moderne de New York, au côté d’œuvres de Gourgue, Philomé Obin et Georges Liautaud. Reconnu comme l’un des jeunes les plus prometteurs du Centre d’Art, il fait partie des sélectionnés qui participent en 1950 à la décoration de la Cathédrale Sainte Trinité. Ses noces de Cana, composition majeure, sont considérées comme son chef d’œuvre qui hélas disparaitra dans les ravages du tremblement de terre de 2010. Ses œuvres reprennent la bible, paradis et enfers, Jardins merveilleux, et autres sujets considérés comme typiques de l’art naïf haïtien.
Il tombe dans une dépression sévère en 1957 et ne peint plus pendant toute la décennie 1960. La religion vaudou lui permet de remonter la pente lentement. Son œuvre change, le rapprochant de la vie quotidienne des Haïtiens, ses frères, qu’il observe et peint impartialement dans le détail de leur routine avec affection et ironie. Il continue de peindre dans une solitude relative à Petit Goave, un village éloigné des tumultes de Port au Prince. Le propos peut être tranché, voire violent, comme la vie en Haïti où les contraste sociaux et économiques sont impitoyables. Pour beaucoup, Bigaud qui vient du peuple est l’un des artiste qui à travers ses toiles rend le mieux compte de la vie haïtienne de cette époque. Pour un critique américain la comparaison s’impose: « Bigaud est le Breughel haïtien ». Il meurt en 2010.